Risques Résilience et Pérennité des destinations touristiques: une perspective internationale - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
N°Spécial De Revue/Special Issue Etudes Caribéennes Année : 2018

Risques Résilience et Pérennité des destinations touristiques: une perspective internationale

Marie Delaplace
Kadri Boualem
  • Fonction : Auteur
Eric Levet-Labry
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 945820
Larbi Safaa
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 975555

Résumé

Le tourisme constitue un vecteur de la mondialisation permettant d’infiltrer des usages et des pratiques multiples (sociaux, économiques, culturels, managériaux). Il génère d’autres problèmes (par exemple, la transformation de la sphère familiale, l’utilisation intensive de ressources naturelles, etc.), rendant « le processus de touristification ambivalent » en termes d’impacts sociaux et culturels (Wang, 2000). Cependant le tourisme est aussi un élément de reconstruction des territoires touchés par des évènements tragiques, des situations dangereuses. Par la mise en réseau d’acteurs privés et publics sur laquelle il repose, il peut également être un vecteur permettant l’évolution de la gouvernance d’un territoire. Les destinations touristiques dans toute leur diversité sont parfois frappées par des événements qui mettent en péril leur activité touristique. Elles doivent faire face à d’innombrables risques potentiels ou réels : risques naturels, épidémiologiques, politiques, sociaux, etc. En outre, les infrastructures et équipements vieillissants des destinations touristiques anciennes deviennent parfois inadaptés aux goûts, motivations, pratiques, usages et désirs qui évoluent sans cesse. Ainsi, depuis quelques années, la région MENA (Middle East and North Africa) et celle de la Méditerranée (ex : la Turquie) connaissent des événements de violence. Selon les données de la ministre du tourisme en Tunisie, les attentats récents ont réduit d’un cinquième le nombre d’arrivées de touristes. Dans les pays développés ayant connu des attentats terroristes, le tourisme est directement impacté. Ainsi, en termes de nuitées, la fréquentation a diminué de -2,4 % à Paris et de - 1,3 % en petite couronne suite aux évènements tragiques du 13 novembre (INSEE, 2016). L’hôtellerie parisienne enregistre ainsi un repli de 883 000 nuitées. Dans d’autres destinations, ce sont des évènements climatiques tels le tsunami de 2004 en Thaïlande, le tremblement de terre en Haïti en 2010, qui ont réduit de façon drastique la fréquentation. Selon certains auteurs, nous serions ainsi entrés dans le temps des risques (Thanh Tan Vo, 2006) Certains pays arabes essaient de faire face à cette problématique : les Émirats arabes unis font émerger des équipements toujours démesurés, tablant sur l’extraordinaire, mobilisant la « starchitecture » à des fins touristiques. La mise en tourisme des territoires dans les pays en développement ne peut cependant se limiter à l’érection de tours de plus en plus hautes et de lieux de loisirs alors qu’il existe en même temps des territoires pauvres mêlant problèmes sociaux et misère sociale (Davis, 2007). Le Maroc, quant à lui, revoit l’organisation administrative et touristique du territoire et met l’accent sur l’arrière-pays. En Europe et en France notamment, les aspects sécuritaires revêtent une importance extrême. Le succès du tourisme est étroitement lié à la diversité et à la richesse des ressources dont disposent les destinations : ressources naturelles et climatiques, architecturales, culturelles, etc. Les équipements et infrastructures sont également d’une importance cruciale. Mais dans les pays développés comme dans les pays en développement, ces ressources ne suffisent pas à pérenniser la destination. La mise en tourisme n’est pas seulement une addition d’équipements, de ressources et d’évènements. La destination ne peut donc être seulement un « objet » de transformation, mais également un « projet » et un ensemble de « projets » (social, économique, géographique, urbain) (Kadri et al. 2011). La mise en tourisme est un processus long, complexe et diversifié tant dans ses dimensions de mise en œuvre que dans les divers facteurs qui la composent. Elle fait appel à l’État, aux institutions et aux entreprises (Dewailly, 2005), mais aussi aux résidents et aux associations, c’est-à-dire à la société dans son ensemble (Salazar, 2009). Ainsi, dans un contexte de tourisme urbain, Kadri (2012) et Kadri et Pilette (2016) montrent que le processus de mise en tourisme repose sur des éléments divers comme, la dynamique du lieu (pouvoirs, diversité économique, échanges) et son adaptabilité (audace architecturale, politique de réanimation des territoires, gouvernance, intégration du tourisme dans les politiques). Pourquoi et comment une destination peut rester attractive alors que le contexte sociopolitique est défavorable ? La pérennité de la destination est-elle remise en cause par la transformation du lieu ? Comment construire une destination résiliente ? Le concept de résilience, concept transdisciplinaire que l’on rencontre dans diverses disciplines dont la physique, la psychologie, est aujourd’hui convoqué dans le domaine de la ville et de l’urbain. La résilience urbaine aide alors à comprendre le système urbain et ses capacités à faire face aux dysfonctionnements (Toubin et al. 2012). Dans le champ du tourisme, ce concept a été mobilisé récemment dans le cas d’Haïti (Sarrasin et Renaud, 2014) et de Phuket (Biggs et al. 2012). Kadri et Pilette (2016) l’intègrent dans un continuum de mise en tourisme circulaire scindé en plusieurs étapes : la représentation (celle de la société) ; la réalisation (diversité des équipements-événements), la régulation (coordination ; gouvernance) et la résilience (effets des résultats de la régulation, capacité à se renouveler). Quels sont les comportements des destinations face à ces situations de risque (conflits régionaux, terrorisme, catastrophes naturelles, etc.) ?Comment se comportent-elles face aux changements introduits par la mondialisation ? Quelle est leur capacité à se renouveler ? Cette capacité est-elle identique quel que soit le type de pays, de tourisme ? Quelles sont les représentations que se font les sociétés des destinations touristiques touchées par les différentes crises et quel est le rôle de ces représentations sur la pérennité des destinations ? Quels sont les modes de gouvernance introduits en cas de crise ? Quelles sont les actions, pratiques et les stratégies envisagées pour développer la résilience de la destination ?
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03313357 , version 1 (03-08-2021)

Identifiants

Citer

Marie Delaplace, Kadri Boualem, Eric Levet-Labry, Larbi Safaa. Risques Résilience et Pérennité des destinations touristiques: une perspective internationale. Etudes Caribéennes, 2018, ⟨10.13140/RG.2.2.31858.45769⟩. ⟨hal-03313357⟩
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