FAUT PAS M'PRENDRE LA TÊTE, MOI J'SUIS TARE ! IMPASSES PSYCHOSOCIOLOGIQUES AU SEIN DU MILIEU JUVENILE LE PLUS DEMUNI DES CITES HLM
Résumé
« Les enseignants, les éducateurs, les policiers sont souvent surpris, nous dit François Dubet, de voir émerger de la « galère » des sujets détruits, défaits, fous, dont les actes ne peuvent plus être compris selon les modes d'interprétation et d'interaction spontanés les mieux partagés 1 ». Nous sommes alors dans les années 80, le « malaise des banlieues » est entré dans la « doxa médiatique 2 » depuis l'émeute des Minguettes, et François Dubet utilise la métaphore du « trou noir » pour rendre compte de cette confusion émergente sur fond de désindustrialisation, de forte précarisation de l'emploi peu qualifié et d'essoufflement de la culture ouvrière 3. Les jeunes concernés lui auraient raconté leur peur « d'être aspiré par le vide », « vers la folie ». Dubet focalisera ensuite sur la distinction entre drogues dures et drogues douces, pour délimiter la « frontière » de ce « trou noir 4 ». Vingt ans après, et face à certaines spirales « classiques » de désinsertion constatées sur mes terrains de recherche, il m'est apparu intéressant de reprendre cette approche en sortant du cadre exclusif lié à la consommation de drogues dures. L'article qui suit propose donc, à partir de l'approche du quotidien de la population concernée (la « communauté juvénile de l'espace public » des cités H.L.M), d'observer et d'analyser certains processus de déstabilisation auxquels elle est exposée. Il se centrera sur une dimension largement méconnue et pourtant fondamentale pour expliquer le vécu des acteurs appréhendés : les injustices qu'ils reproduisent entre eux.
Domaines
Anthropologie sociale et ethnologie
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)