La gloire et l'outrage. Heurs et malheurs des statues honorifiques de Démétrios de Phalère - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Annales. Histoire, Sciences sociales Année : 2009

La gloire et l'outrage. Heurs et malheurs des statues honorifiques de Démétrios de Phalère

Vincent Azoulay

Résumé

Demetrius of Phaleron ruled over the City of Athens from 317 to 307 B.C., and was honoured with many statues. Whereas those distinctions, throughout all of the classical period, were very parsimoniously handed out by the Athenian people, Demetrius the legislator deliberately crowded the civic landscape with effigies of himself, as new sculptural forms were invented and given pride of place - equestrian statues, for instance - as new spaces were being invested - such as the demes - and other monumental manifestations in the public space were being all the while limited. When Demetrius of Phaleron came to power, honorific effigies got to be much more imposed than they were negotiated, or, at least, were much more generously vouchsafed by the community - the members of which, incidentally, had been drastically redefined and restricted. As they gradually cluttered up the public space, honorific statues - supposedly erected for eternity - became the targets of numerous degradations. By a phenomenon of compensation, the effigies of Demetrius of Phaleron were hence destroyed, transformed or desecrated, along different modes which now allow the defining of a genuine culture of outrage, established on the long run. Beyond the case of Demetrius of Phaleron alone, those honorific statues have proved indeed useful to the understanding of that period of time : they have enabled us to study at once the short-term history of political turning points and legislative reforms, and, on a long-term basis, that of rituals and civic memory. Studying those statues requires the combination of the anthropological approach with an institutional - or even procedural - perspective.
À la tête de la cité d'Athènes entre 317 et 307 av. J.-C., Démétrios de Phalère fut gratifié de multiples statues honorifiques. Alors que, durant toute l'époque classique, ces distinctions étaient octroyées avec une grande parcimonie par le peuple athénien, le législateur satura le territoire civique de ses effigies, mettant à l'honneur de nouvelles formes statuaires - la statue équestre -, investissant de nouveaux espaces - les dèmes -, tout en limitant les autres manifestations monumentales dans l'espace public. Avec l'arrivée au pouvoir de Démétrios de Phalère, les effigies honorifiques furent donc davantage imposées que négociées ou, à tout le moins, furent octroyées de façon bien moins tatillonne par la communauté qui, au demeurant, avait été redéfinie de façon restrictive. Au fur et à mesure qu'elles envahissaient l'espace public, les statues honorifiques, en principe dressées pour l'éternité, devinrent la cible de multiples dégradations. Par un phénomène de compensation, les effigies de Démétrios de Phalère furent ainsi détruites, transformées ou avilies, selon des modalités variées qui permettent de dresser les contours d'une véritable culture de l'outrage, établie sur la longue durée. Au-delà du cas de Démétrios de Phalère, les statues honorifiques se révèlent en définitive des objets " bons à penser " : elles permettent à la fois d'articuler le temps court des ruptures politiques et des réformes législatives, mais aussi le temps long des rituels et de la mémoire civique. Leur étude implique de concilier l'approche anthropologique et la perspective institutionnelle, voire procédurale.

Domaines

Histoire
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-00738828 , version 1 (05-10-2012)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00738828 , version 1

Citer

Vincent Azoulay. La gloire et l'outrage. Heurs et malheurs des statues honorifiques de Démétrios de Phalère. Annales. Histoire, Sciences sociales, 2009, 64 (2), pp.303-340. ⟨hal-00738828⟩
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